Méthanisation agricole : quel est son intérêt ?

La méthanisation agricole permet de valoriser les déchets organiques de l’exploitation. Sous l’action de micro-organismes et en l’absence d’oxygène appelé une digestion anaérobie. Ils sont dégradés et transformés en une énergie renouvelable, le biogaz. Le processus biologique produit également un résidu, appelé le digestat, aux propriétés amendantes et fertilisantes. Les effluents agricoles offrent la possibilité aux agriculteurs d’obtenir un complément de revenu en diversifiant leur activité. Et ceci en répondant aux enjeux environnementaux et sociaux au niveau local.

L’intérêt énergétique de la méthanisation

Le biogaz produit par la méthanisation agricole est composé de méthane et de dioxyde de carbone. Il est renouvelable et se valorise de différentes façons :

  • par la production de biométhane. C’est-à-dire épuré de son CO2, puis odorisé et injecté dans le réseau de gaz naturel.
  • par la production d’électricité et de chaleur au travers d’un bloc de cogénération. Un module constitué d’un moteur conçu pour brûler le biogaz, entraînant une génératrice produisant du courant électrique. La chaleur est récupérée et peut alimenter le process de méthanisation, et alimenter d’autres postes de consommation de chaleur. L’électricité produite est vendue à un fournisseur d’énergie.
  • le biométhane peut également être transformé en carburant BioGNV : il réduit significativement la pollution.

L’injection du biométhane aux réseaux de gaz naturel est aujourd’hui préférée à la cogénération :

  • d’une part pour des raisons de rendement (95% contre 40-70%) ;
  • et d’autre part pour sa facilité de stockage.

Le biocarburant obtient les mêmes rendements que l’injection.

L’intérêt environnemental de la méthanisation

Quelle que soit l’utilisation du biogaz (injection, cogénération, chaudière, etc.), la combustion finale émet du dioxyde de carbone, qu’on qualifie de “biogénique”. Autrement dit, ce CO2 est produit par des êtres vivants. Contrairement aux CO2 émis par les énergies fossiles, celui-ci est assimilé par les plantes au cours de leur croissance lors de la photosynthèse.

Ainsi, la méthanisation contribue à la réduction des gaz à effet de serre. Du transport des intrants (matière organique) jusqu’à l’utilisation finale en énergie, il a été comptabilisé une réduction moyenne de 80% des émissions de ces derniers suite à l’installation d’une unité de méthanisation. Le scénario NégaWatt 2017-2050 montre que grâce à ce biogaz renouvelable, il serait théoriquement possible de satisfaire les besoins énergétiques à l’horizon 2050 avec un bas niveau en carbone.

L’étude “Une Europe agroécologique en 2050” menée par l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI) prend également en compte la santé humaine, la conservation des ressources naturelles, la biodiversité et l’adaptation au changement climatique. Elle montre ainsi qu’il est plausible de bénéficier d’un système agroalimentaire 100% écologique en Europe d’ici à une dizaine d’années tout en y intégrant la méthanisation pour participer aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

L’intérêt agronomique de la méthanisation

La digestion anaérobie (sans oxygène) produit également ce que l’on appelle le digestat. Ce résidu organique (liquide et/ou solide selon la nature des intrants) est :

  • à la fois amendant pour le sol pour la partie solide plus riche en matière organique et en éléments phosphatés et permet ainsi de maintenir leur qualité ;
  • et fertilisant pour les plantes pour la partie liquide plus concentrée en azote qui se minéralise sous forme ammoniacale, plus aisément assimilable par les plantes.

Le digestat permet ainsi de faire des économies sur les engrais minéraux ou chimiques. Cependant, ce fertilisant naturel est aussi plus volatil et lessivable : il est donc profitable à condition d’être épandu dans des conditions météorologiques idéales et avec les outils adaptés.

Méthanisation agricole : un complément de revenu

La méthanisation est une activité annexe

Les agriculteurs font régulièrement face à des variations de revenus. L’enjeu est ainsi de les stabiliser ou de les accroître. L’addition de nouvelles activités non agricoles, comme la méthanisation se présente comme une solution vertueuse et stabilisante pour l’exploitation. Cette dernière connaît un essor en France avec 704 unités présentes en 2020 contre 31 seulement en 2010.

Cependant, la méthanisation agricole est un complément de revenu pour les agriculteurs. Elle ne doit pas venir remplacer une activité agricole, mais plutôt devenir un moyen de valoriser les déchets agricoles et les résidus de l’exploitation, tout en apportant un gain complémentaire.

En conséquence, un agriculteur qui n’arrive plus à générer de revenu de sa production alimentaire ne doit pas envisager la méthanisation comme une solution pour combler le déficit structurel de son activité principale.

Quels revenus espérer de la méthanisation agricole ?

Selon la taille de l’exploitation, la nature et la qualité des intrants, le profit ne sera pas le même. L’étude Métha’Revenus, financée par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation en 2019, a analysé la variabilité des revenus de la méthanisation (en injection et en cogénération) avec un échantillon de 25 unités de méthanisation sur la base du rapport entre leur revenu courant avant impôt (RCAI) et les KWe produit. Ce rapport varie de – 520 €/ an à 1 400 €/an. Néanmoins, un seul méthaniseur obtient un revenu courant négatif et un seul a un revenu supérieur à 850 €/kWe.

Les exploitations qui tirent le meilleur de la méthanisation sont :

  • les éleveurs individuels ayant choisi la cogénération (580 à 850€/an),
  • et les céréaliers qui optent pour l’injection (400 à 700€/an).

Les petits collectifs d’agriculteurs (éleveurs et céréaliers confondus) arrivent aussi à générer un complément intéressant (450 à 650€/an) en injection comme en cogénération.

Méthanisation agricole : dans quelles conditions ?

Afin d’exploiter au mieux le potentiel de la méthanisation, l’agriculteur doit ajuster ses pratiques et ses habitudes. En effet, l’impact positif du procédé dépend :

  • des conditions de sa mise en œuvre,
  • et de son suivi dans le temps.

Pour être vertueuse, la méthanisation implique d’être vigilant sur différents points :

  • la mise en place de cultures intermédiaires ne doit pas conduire à une augmentation de l’irrigation, de l’usage de produits phytosanitaires, etc.
  • les biodéchets valorisés doivent faire l’objet d’un contrôle qualité strict et régulier
  • le digestat doit être retourné au sol à la mesure de la biomasse prélevée, afin de maintenir ou augmenter le stock de carbone dans les sols
  • éviter la volatilisation de l’azote en respectant les bonnes pratiques d’épandage du digestat
  • s’assurer que les espaces de stockage de digestat soient suffisamment importants pour permettre une fertilisation au moment adéquat et non par manque de place.

Il est ainsi nécessaire pour l’agriculteur de se faire accompagner dans son projet de méthanisation pour entériner ces pratiques. De la conception à la maintenance, il doit être guidé et suivi par des acteurs ayant le souci d’une méthanisation durable et respectueuse de l’environnement.

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